Accueillir la critique comme un cadeau
« La critique peut être désagréable, mais elle est nécessaire. Elle est comme la douleur pour le corps humain : elle attire l’attention sur ce qui ne va pas » (Winston Churchill)
L’indispensable regard de l’autre
Nous portons tous en nous-mêmes des facettes de notre identité ignorées, des zones aveugles que les remarques des autres nous permettent d’éclairer. Un peu comme les poissons d’avril accrochés dans le dos à l’école qui suscitaient des moqueries, jusqu’à ce qu’une bonne âme nous en révèle l’existence. Passée la période d’inconfort lié au ridicule de la situation, cette remarque nous permettait de poser une action utile (enlever le poisson) pour éradiquer l’objet de la raillerie. Il en est de même pour le petit morceau de salade resté coincé entre deux dents ou la fermeture éclair ouverte dévoilant une petite culotte ou un slip kangourou… Dans ces situations, les remarques des autres, loin de nous nuire, nous sont au contraire très utiles.
Dans le cadre professionnel, c’est pareil : les remarques de nos clients, de nos collègues, de nos responsables hiérarchiques peuvent, si nous les accueillons, nous aider à améliorer certaines de nos pratiques, à rectifier certains de nos comportements pour une plus grande efficacité collective ou un meilleur service client.
Accepter le point de vue d’autrui
Pourtant, lorsque nous avons l’impression que la remarque vient nous attaquer dans notre identité, dans notre être, nous la prenons parfois comme une critique et notre réaction spontanée peut-être le déni : « Mais, non ! Ce n’est pas vrai ! ».
Rappelons-nous que les remarques ne sont que des informations sur les perceptions que l’autre a de nous, de notre travail ou de nos comportements. Ces perceptions ne correspondent pas toujours à la réalité. En effet, lorsqu’une personne nous fait une remarque, elle ne parle pas de LA réalité, mais de SA réalité, de sa vision des choses, vision qui peut être plus ou moins objective, mais toujours colorée par son vécu. Aussi, une question intéressante à se poser est : « Quelle est la part de vérité dans ce qu’elle me dit ? » Cette part de vérité sera plus ou moins importante selon les informations, parfois parcellaires, dont dispose la personne. C’est le cas par exemple des comparaisons : « Tu ne t’investis pas autant que tes collègues ». Répondre en donnant des éléments objectifs, des faits concrets permet alors de rétablir la vérité.
Dans certains cas, l’objectivité est plus difficile. Si, par exemple, une personne dégage une odeur corporelle forte qui indispose plusieurs de ses collègues, le seuil perçu de nuisance sera différent selon chacun. Le bon sens sera alors, pour la personne concernée, de ne pas s’attacher à une remarque isolée, mais de tenir compte de l’avis émis par la majorité. Dans tous les cas, cela permettra de poser une action adéquate.
Aussi lorsqu’elle est justifiée, même partiellement, la seule réponse à donner à une remarque est « MERCI de me le dire », car c’est un cadeau que l’autre nous fait.
Garder l’esprit ouvert et repérer les critiqueurs
Rappelons-nous que la communication est un échange. Si l’autre exprime sa vérité en fonction de son vécu, nous réceptionnons aussi cette remarque à travers le filtre de notre propre vécu. Nous pouvons avoir développé une sensibilité toute particulière sur certains points. Des blessures passées, des complexes, peuvent modifier notre interprétation des propos de l’autre. En les modifiant, en les exagérant, il arrive que nous transformions une remarque partiellement justifiée en une inacceptable insulte.
Cela explique les seuils de susceptibilité très variables. Certaines personnes « ne se laissent rien dire ». Leur fermeture d’esprit apparente est en fait la meilleure protection qu’elles aient trouvée pour ne pas trop souffrir. Aussi, lorsqu’une remarque provoque en nous une réaction émotionnelle forte, il est intéressant de se demander : « Qu’est-ce que ces mots éveillent en moi ? Qu’est-ce qui est touché, blessé ? », pour aller soigner l’origine de la souffrance et éviter de rester dans le refus des remarques, obstacle à la progression.
Pour se sortir de l’émotion, une technique simple est de transformer la critique en besoin : « Lorsqu’elle me dit cela, de quoi la personne qui s’adresse à moi a-t-elle besoin ? ». Cela permet de se décentrer de soi. Ainsi un « Tu parles trop fort », devient « j’ai besoin de calme pour me concentrer »
Enfin, il arrive aussi que la critique soit totalement injustifiée et que la seule intention de l’autre soit de nous blesser, voire de nous nuire. Dans ce cas aussi, la critique s’avère être un cadeau, car elle nous révèle la véritable nature du critiqueur. Et cela permet des choix relationnels pour éviter à l’avenir de nous faire critiquer injustement. Une bonne manière de nous protéger à l’avenir !
Ecouter pour grandir
Ainsi, face à une remarque reçue, il convient en conclusion de faire preuve de discernement. Justifiées ou non, les remarques d’autrui nous permettent de nous améliorer, de progresser. Mais pour accueillir les remarques comme des informations neutres, dépourvues de toute charge émotionnelle, une bonne dose d’estime de soi et de confiance en soi comme en ses compétences sont nécessaires. C’est un chantier intéressant à entamer, car nous le valons bien.
Céline Pauly-Schmit
Formatrice & Coach